
- Ah non, pas vous, Mamie- Rose !
- Quoi, pas moi ?
- Pas vous ! Je croyais que vous n’étiez pas menteuse.
- Mais je ne te mens pas.
- Alors pourquoi vous me parlez de Dieu ? On m’a déjà fait le coup du Père Noël. Une fois suffit !
- Oscar, il n’y aucun rapport entre Dieu et le Père Noël.
- Si. Pareil. Bourrage de crâne et compagnie !
- Est-ce que tu imagines que moi, une ancienne catcheuse, cent soixante tournois gagnés sur cent soixante-cinq, dont quarante-trois par KO, L’Etrangleuse du Languedoc, je puisse croire une seconde au Père Noël ?
- Non.
- Eh bien je ne crois pas au Père Noël mais je crois en Dieu. Voilà.
Évidemment, dit comme ça, ça changeait tout.
- Et pourquoi est-ce que j’écrirais à Dieu ?
- Tu te sentirais moins seul.
- Moins seul avec quelqu’un qui n’existe pas ?
- Fais-le exister.
Elle s’est penchée vers moi.
- Chaque fois que tu croiras en lui, il existera un peu plus. Si tu persistes, il existera complètement. Alors, il te fera du bien.
- Qu’est-ce que je peux lui écrire ?
- Livre-lui tes pensées. Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s’incrustent, qui t’alourdissent, qui t’immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu parles pas.
-OK
Et puis, à Dieu, tu peux lui demander une chose par jour. Attention ! Une seule.
- Il est nul, votre Dieu, Mamie- Rose. Aladin, il avait droit à trois vœux avec le génie de la lampe.
- Un vœu par jour, c’est mieux que trois dans une vie, non ?
- OK. Alors je peux tout lui demander ? Des jouets, des bonbons, une voitures…
- Non, Oscar. Dieu n’est pas le Père Noël. Tu ne peux demander que des choses de l’esprit.
- Exemple ?
- Exemple : du courage, de la patience, des éclaircissements.
- OK. Je vois.
Et tu peux aussi, Oscar, lui suggérer des faveurs pour les autres.
- Un vœu par jour, Mamie- Rose, faut pas déconner, je vais d’abord le garder pour moi !