L’issue momentanée d’un long cheminement du destin (le destin peut-il avoir des issues autres que momentanées ? Voilà une question intéressante mais laissons-la de côté pour l’instant) a voulu que je me retrouve aujourd’hui sur cette île grecque. Une île minuscule dont je n'avais même jamais entendu parler jusqu'à récemment. Il est un peu plus de 4 heures du matin. Naturellement l'aube est encore loin. Les chèvres innocentes ont sombré dans un paisible sommeil collectif tandis que, dans les champs, les rangées d'oliviers absorbent leur nourriture dans les profondeurs des ténèbres. Et comme toujours il y a la lune. La lune qui, au-dessus des toits rafraîchis par la nuit, tel un prêtre mélancolique, étend ses bras vers la mer désertée par les navires. Où que je sois dans le monde, c'est cette heure-ci que je préfère. Cette heure n'appartient qu'à moi. Je suis là, assise devant ma table, en train d'écrire. Bientôt le jour va se lever. |