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La Nébuleuse de l'insomnie, Antonio Lobo Antunes (extrait)

1/28/2019

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- Demain tu monteras tes affaires à l’étage
et ma mère qui n’a pas compris, qui a compris, docile a transporté une petite caisse jusqu’en haut des escaliers sous le regard en coin des autres femmes restées muettes, jalousie ou pitié je ne sais pas, l’imaginant entre les coffres enceinte de mon frère, de moi et après sur un tabouret à attendre, je n’ai pas souvenir qu’elle nous ait jamais touchés, je me souviens du peigne descendant le long de ses cheveux comme je me souviens (mais s’agit- il de souvenirs ou d’épisodes que j’invente, probablement rien d’autre que des épisodes que j’invente) de mon grand- père défiant l’armée et les paysans et de mon père au galop avec le fusil de chasse, sur son cheval transi de peur on le voyait bien il avait l’encolure en sueur au moment où ils ont culbuté la moissonneuse et la citerne, l’eau qui jaillissait sur le sol et le cheval se cabrant dans les flots, une des bonnes de la cuisine
— Les communistes
qui occupaient les domaines et les fermes arrivés par la plaine où les perdrix voletaient en criaillant et j’imaginais ma mère au milieu d’elles cherchant à échapper à mon père
— Demain tu monteras tes affaires dans ma
chambre
une bonne que mon grand- père, sans se gêner pour nous, attrapait par le poignet
— Viens par ici
il s’enfermait avec elle dans le garde- manger avec une fringale de canari et ressortait en rajustant son bouton de cuivre sans même savoir son nom ni se soucier de la tasse de ma grand- mère contre la soucoupe, les toucans tournaient à la recherche du vent de la frontière et nous au milieu des parterres dévastés devant la maison où même si rien n’avait changé tout commençait à disparaître, les créatures des portraits
— Quand vas- tu mourir toi ?
nous offrant des bouteilles de vin et un rire éteint, l’ombre du poirier engloutissait nos corps avant la tombée de la nuit, ma mère tentait de s’enfuir avec sa petite caisse et mon père la repoussant avec le cheval
— Rentre
comme pour épouvanter une bête, la seule femme qui nous restait parce que dans la cuisine un silence d’abandon, les lits des bonnes défaits, les assiettes et les verres dans l’évier sans une lavette pour les frotter et la maison au milieu des décombres laissés par les communistes, des brebis et des vaches qu’il nous a fallu abattre et qui nous observaient résignées, des oiseaux (pas les toucans de la lagune, pas des milans, d’autres plus gros, plus grands, qui venaient crever
leur peau gonflée avec leurs serres et leur bec) un chat qui avait flairé une boîte de je- ne- sais-quoi dans le bureau et les coffres silencieux puisque ma mère prostrée là- haut, pensant à quoi, planifiant quoi, désirant quoi, je ne sais pas qui vous étiez mère, une fois vous m’avez pris le visage, j’ai eu peur que vous me donniez un baiser
— Viens par ici
mais Dieu merci pas de baiser, vous m’avez relâché je vous répugnais, après tout peut- être étiez-vous née dans le bourg avec les autres spectres, peut- être n’étiez- vous qu’un fantôme comme eux, une absence d’yeux épiant depuis les fenêtres ou une menace à nos trousses de cette matière sans chair dont sont faites les ténèbres si bien que je ne crois pas être né de vous, mon frère peut- être posté devant les cadres en train de devenir portrait, n’entendant ni l’horloge ni le vent dans le maïs, ou plutôt dans les fanes jaunies maintenant que nous ne sommes plus que tous les deux ici où même si rien n’a changé tout a disparu et au sous- sol, dans la cave, sous les arceaux de la treille il m’arrive d’avoir cette sensation une tasse sur une soucoupe ou un cheval qui tire sur l’anneau respirant avec force, alentour les grands domaines sens dessus dessous et le bout de grenier qui résiste encore à l’angle duquel un blaireau ou une belette venaient se réfugier au moindre bruit parce que tout avait peur de tout dans ce désert figé, même des cris des toucans répétant sans trêve ce que je ne comprenais pas comme je n’ai pas compris mon père lorsqu’il est tombé malade il y a deux ans exigeant qu’on l’installe sous les combles dans ce lit où il n’avait jamais dormi, des vêtements de ma mère suspendus à des patères, de travers sur le mur il y avait un de ces Christs qu’on achète dans les foires, la table à repasser avec une chemise de mon grand- père et mon père à la chemise
— Fichez- moi le camp
mon père
— Laissez- moi seul avec elle
pas avec mon frère ni avec moi, seul avec elle, un mot qui m’a échappé jusqu’à ce que je m’approche de sa bouche, j’aurais juré que
— Je suis revenu
ou non pas
— Je suis revenu
je me suis trompé, il continuait de m’échapper, il continuerait de m’échapper, mon père n’était pas un Christ qu’on achète dans les foires, c’était un homme ordonnant à une bonne de la cuisine
— Demain tu monteras tes affaires à l’étage
et la bonne n’ayant pas le courage de désobéir s’est levée en lissant son chemisier incapable d’une rebuffade
— Lâchez- moi
ma mère dix- sept ou dix- huit ans tout au plus qui s’est lavée en pleurant pour lui, s’est chaussée pour lui, a arrangé sa mise pour lui en rajustant ses larmes, qui a vécu ici avant nous et ne nous cherche pas comme les personnes du salon, nous a oubliés et en nous oubliant a mis fin à notre existence, nous n’existons pas, nous n’avons pas existé, nous n’avons
même pas réussi à exister, ma mère n’a pas existé, je n’existe pas, mon frère n’existe pas et cependantmon père qui la prévient
— Je suis revenu
comme si tous deux existaient, nous non, le jour de l’enterrement il est resté à observer le cimetière depuis la grille puis a filé ses étriers cliquetant contre le métal des sangles, mon père à ma mère défunte
— Allonge- toi ici avec moi
ça j’en suis certain
— Allonge- toi ici avec moi
pas sur le ton où
— Demain tu monteras tes affaires à l’étage
une voix désemparée si ça se trouve à cause de la fièvre, si ça se trouve à cause de sa veulerie mais plus forte que sa fièvre et sa veulerie
— Allonge- toi ici avec moi
et personne à vos côtés, vous tout seul papa et cependant en train de chercher, vos mains serrant ce que vous croyiez être les mains de ma mère ou les rênes inexistantes continuant à vous éloigner du cimetière en direction du bourg où habitaient les spectres, cravache en l’air vous leur lanciez
— Montrez- vous donc
sans qu’ils vous répondent parce que personne ne se soucie de vous le moins du monde, ne venez pas demander
— Ne me laisse pas
au tricot et aux jupes d’une fille qui vous obéissait non par affection, par peur et qui devait vous détester par peur également, immobile à vos côtés à écouter le balancement des arbres dans la nuit et de la terre qui montait et descendait au gré des nuages, le trot du cheval tournoyait autour de la maison et stoppait à l’endroit où ils égorgeaient les porcs donnant l’impression que le sang de l’animal ou de ma mère à ma naissance continuait de goutter dans le baquet de sorte qu’au moment où mon père
— Ne me laisse pas
je l’ai cherchée sur votre visage, vous qui souffriez quand mon grand- père
— Viens par ici
saisissant le fusil de chasse, vous à l’entrée de la chambre, mon grand- père fixant les canons, vraiment vous l’écœuriez
— Idiot
alors vous rabaissant le fusil et fichant le camp vaincu, vous tirant sur les toucans et chaque toucan un bouton de cuivre lui fermant le cou, chaque toucan le propriétaire du maïs et du blé sans vous donner la peine d’envoyer les chiens les chercher, vous, même si ma mère avec mon grand- père
— Ne me laisse pas
malgré la bouche close, vous un idiot papa et c’est alors que j’ai compris que ce n’étaient pas les communistes qui avaient mis le feu au grenier, culbuté la citerne et tué mon grand- père, c’était vous et pas le fusil, le sarcloir, les paysans et les militaires et les bonnes de la cuisine vous fixant immobiles à l’instant où
— Père
sur un ton qui enflait sans que vous remarquiez que ce ton enflait, brandissant le sarcloir
— Père
vous qui jamais
— Papa
toujours
— Père
par soumission, par habitude, mon grand- père se moquant de vous
— Eh bien il était temps
sans y croire et soudain muet quand le sarcloir lui a rompu une épaule, l’autre épaule, une jambe, et vous d’insister
— Père
toujours par soumission et par habitude, mon grand- père
— Qu’est- ce qui te prend ?
le cheval attaché à l’anneau tourmenté par l’odeur des os, mon grand- père à genoux dans la cour, mon grand- père couché
— Idiot
les toucans en débandade, un des paysans
— Mon Dieu
l’herbe s’inclinant dans un murmure noir et mon grand- père qui vous humiliait le visage défait
— Idiot
un bouton de cuivre lui fermant le cou, mon père sans lâcher le sarcloir dans un dernier
— Père
plus avec le ton qui enflait désormais, sur le ton habituel ou dans le tremblement d’une tasse sur une soucoupe qui parviendrait à
— Père
et se tairait épouvantée, les doigts de mon grand-père se sont fermés puis rouverts et mon père les a baisés comme il les baisait avant de s’asseoir à table, je me souviens qu’il me fixait et je serais prêt à jurer qu’il ne me voyait pas, il voyait son
— Père
persistait
— Père
effaré par le silence contemplant le sarcloir avant de le lâcher, mon grand- père sa majesté perdue avec un œil ouvert et l’autre non.
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