S'il est malheureux pour nos célèbres écoles de n'avoir pas plus produit de gens supérieurs, que toute autre réunion de jeunes gens en eût donnés, il est encore plus honteux que les premiers grands prix de l'Institut n'aient fourni ni un grand peintre, ni un grand musicien ni un grand architecte, ni un grand sculpteur, de même que, depuis vingt ans, l'Élection n'a pas, dans sa marée de médiocrités, amené au pouvoir un seul grand homme d'État.
Mon observation porte sur une erreur qui vicie en France, et l'éducation et la politique. Cette cruelle erreur repose sur le principe suivant que les organisateurs ont méconnu:
Rien, ni dans l'expérience, ni dans la nature des choses, ne peut donner la certitude que les qualités intellectuelles de l'adulte seront celles de l'homme fait.
En ce moment, je suis lié avec plusieurs hommes distingués qui se sont occupés de toutes les maladies morales par lesquelles la France est dévorée. Ils ont reconnu comme moi, que l'instruction supérieure fabrique des capacités temporaires parce qu'elles sont sans emploi ni avenir; que les lumières répandues par l'instruction inférieure sont sans profit pour l'État, parce qu'elles sont dénuées de croyance et de sentiment.
Tout notre système d'instruction publique exige un vaste remaniement auquel devra présider un homme d'un profond savoir, d'une volonté puissante et doué de ce génie législatif qui ne s'est peut-être rencontré chez les modernes que dans la tête de Jean-Jacques Rousseau.
Peut-être le trop-plein des spécialités devrait-il être employé dans l'enseignement élémentaire, si nécessaire aux peuples.
Nous n'avons pas assez de patients, de dévoués instituteurs pour manier ces masses