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L'Envers de la tête, René Daumal

11/17/2018

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Notre grande peur.
Dès que leurs visages furent tournés vers le dehors, les hommes devinrent incapables de se voir eux-mêmes, et c'est notre grande infirmité. Ne pouvant nous voir, nous nous imaginons. Et chacun, se rêvant soi-même et rêvant les autres, reste seul derrière son visage. Pour se voir, il faut d'abord être vu, se voir vu. Or, il y a sûrement une possibilité pour l'homme de réapprendre à se voir, de se refaire un œil intérieur. Mais le plus grave, et le plus étrange, c'est que nous avons peur, une peur panique, non pas tellement de nous voir nous-mêmes que d'être vus par nous-mêmes; telle est notre absurdité fondamentale. Quelle est la cause de cette grande peur ? C'est peut-être le souvenir de la terrible opération chirurgicale que nos ancêtres ont subie quand ils furent coupés en deux; mais alors, ce que nous devrions craindre le plus, c'est qu'en continuant à nous séparer de nous-mêmes par une brillante fantasmagorie, nous allons nous exposer à être encore une fois coupés en deux - et c'est ce qui arrive déjà. Si nous avons peur de nous voir, c'est bien parce qu'alors nous ne verrions pas grand-chose; notre fantôme a peur d'être démasqué.
C'est par cette peur de l'horrible révélation que nous nous grimons et que nous grimaçons. Et notre tête, modeleuse de masques et conteuse d'histoires, au lieu de nous guider vers la vérité, est devenue notre machine à nous mentir. Le latin disait : mens, mentiri. Et il est remarquable que les Français ont abandonné leur mot chef, qui désignait le conducteur du corps, pour le mot teste qui signifie "pot", à l'époque justement où l'on commençait à regarder plus que jamais la tête comme une chose à remplir plutôt qu'à faire fonctionner; à l'époque aussi où les visages humains, dans les arts, cessèrent de signifier des idées pour représenter des personnages.
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Belluaires et porchers, Léon Bloy

11/15/2018

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Les Diaboliques parurent pour la première fois en 1874, c'est-à-dire en pleine effervescence des pèlerinages propitiatoires, des comités catholiques et royaux pour organiser l'ordre moral et régénérer la patrie. Oiseuse fomentation des enthousiasmes décédés et des paroxysmes éteints, dont le souvenir même est, aujourd'hui, complètement effacé.
Le chef d’œuvre aussitôt fut dénoncé à toutes les vindictes et ce fut au prix de démarches infinies et en considération de l'imposante notoriété de l'écrivain, qu'une ordonnance de non-lieu fut obtenue et que Barbey d'Aurevilly, déjà frustré de son salaire par la saisie, put échapper à je ne sais quelle infamante condamnation.
L'immoralité des Diaboliques fut notifiée surprenante, et des multitudes équitables, à qui toute lecture du livre avait échappé, reconnurent, en bavant de pudeur, que jamais aucun romancier n'avait aussi dangereusement excité la muqueuse des magistrats les plus austères.
Une vraie conspiration fut ourdie en vue d'étouffer la vente, pourtant si précaire, hélas! des autres ouvrages de l'auteur, et de non cocufiantes épouses trimballèrent en masse leur vertu dans les boutiques, pour intimer aux négociants éperdus de comminatoires défenses. Tout libraire du faubourg Saint-Germain fut avisé que le débit d'un seul tome de ce pestilent élucubrateur serait inexorablement châtié par la désertion de sa clientèle.
C'est une ressource vraiment admirable que la chasteté ! L'éducation catholique moderne, demeurée fidèle à des traditions deux fois séculaires, enseigne imperturbablement que le plus énorme de tous les forfaits est l'impureté des sens. Il ne tient qu'aux âmes novices d'être persuadées que cette faute sans égale est l'attentat mystérieux que l’Évangile a déclaré sans pardon, tant les apophtegmes et les maximes de leurs pédagogues sont épouvantants à cet endroit.
Sans doute, les rigueurs du ciel doivent s'exercer sur les menteurs ou les paresseux, mais elles doivent triplement sévir contre les cœurs lascifs et les reins coupables. Le pardon des mains de Jésus en croix pleut à torrents sur les avares, sur les perfides, sur les bons chrétiens qui ne connurent jamais la pitié, mais il se refuse à brumer seulement du côté des fornicateurs. Enfin, il est tout à fait permis d'être sans amour quand on est sans libertinage.
Des êtres ainsi cultivés peuvent grandir et se mêler au convoi du genre humain. Ils peuvent, en secret, camper dans les marais de la luxure, acheter des études de notaires à Sodome, réaliser l'acclimatation de leur crottin dans la Voie lactée, ou bien s'en tenir pleutrement aux pratiques recommandées de la conjugale vertu; ils n'arriveront jamais à vaincre le pli de cet enseignement initial. Et d'ailleurs, pourquoi chercheraient-ils donc à se débarrasser d'une aussi tutélaire bêtise, où s'abrite - ainsi qu'un monstre précieux entretenu par l'orgueil d'un prince - la terrifiante médiocrité de leur foi ?
Précisément, Barbey d'Aurevilly leur flanque au visage le livre le plus fait pour les atterrer, celui, je crois, de tous les livres modernes qui va le plus loin dans la vallée de la mort dont ils avaient cru boucher les passages; une complainte horrible du Péché, sans amertume ni solennité, mais grave, mais orthodoxe et d'une inapaisable véracité.
Il est, alors, tout de bon, un enfant terrible, puisqu'il est venu s'asseoir, pour dire ces choses, au milieu des docteurs de la panique et du cœur figé et de l'abominable innocence, qui veulent que l'homme authentique soit cadenassé dans les lieux obscurs, afin que la face désolée de ce transgresseur du Sixième Commandement ne vienne pas détraquer les automates qu'ils ont engendrés.
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Feux à volonté, René Daumal

11/14/2018

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L'être humain est une superposition de cercles vicieux. Le grand secret, c'est qu'ils tournent bien d'eux-mêmes. Mais les centres de ces cercles sont eux-mêmes sur un cercle : l'homme sort du dernier pour rentrer dans le premier. Cette révolution n'échappe pas aux yeux des sages : eux seuls échappent au tourbillon, et en le quittant le contemplent. - Harmonie des sphères, cosmique des cœurs, astres-dieux de la pensée, brûlants systèmes forgés de chair en chair, car toute souffrance est l'abandon d'une chair, qu'elle soit rouge de sang, orangée de rêve ou jaune de méditation; les astrolabes perce-cœur chauffées à blanc, loin des pièges à bascule sous les escaliers du démon, et l'air vif du large qui déjà s'épaissit en boue. La trajectoire réelle de l'acier céleste à travers la gorge pendant que les hommes d'en bas s'exercent à éternuer - car on voit tout de là-haut, et tout est vrai de plus de mille façons, mais toutes ces façons de comprendre ne valent que réunies, bloc-un-tout, Dieu blanc-noir, zèbre céleste et plus rapide...Oh! dites-mou, les sauvages n'ont-ils jamais élevé dans la forêt vierge la monstrueuse statue du Zèbre-Dieu ? - Dieu de toutes les contradictions résolues entre quatre lèvres : et ce n'est plus la peine, l'élan est donné et le monde croule, et la lumière n'a pas besoin de prismes pour se disperser, et tout le réel changeant immuable - choc des mots, folie inévitable des discours humains, choc-colère cahotant ses cris, ses faux espoirs -escroquerie de Prométhée, qu'il est beau, qu'il est beau ! Prométhée, victoire pantelante soumise aux langues de feu, avec la couronne tourbillonnante des soleils, les petits alliés des hommes...MAIS LES GRANDS ANTI-SOLEILS NOIRS, PUITS DE VÉRITÉ DANS LA TRAME ESSENTIELLE, DANS LE VOILE GRIS DU CIEL, COURBE, VONT ET VIENNENT ET S'ASPIRENT L'UN L'AUTRE, ET LES HOMMES LES NOMMENT ABSENCES. Qui leur apprendra ce qu'est l'être, et qu'ils ne font que penser le non-être à leur mesure ? Soumis aux langues de feu, tournez votre visage vers les flammes, vers le baiser divin qui vous arrachera les dents d'un seul coup.
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Propos d'un entrepreneur des démolitions, Léon Bloy

11/7/2018

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(...) L'enthousiasme, enfin, est une rage de vie supérieure et un divin mécontentement des conditions inflexibles de la vie normale. Aimer n'est rien, le plus plat bourgeois en est capable, mais aimer avec enthousiasme, un héros seul le peut faire et c'est encore ce qu'on a pu trouver de plus beau sur cette sphère raboteuse où, depuis six mille ans, pâture le genre humain !
Lorsque, s'échappant d'une âme toujours impuissante à le contenir, l'enthousiasme se répand dans une oeuvre littéraire quelconque, il n'existe pas plus de littérature où il passe qu'il ne reste de spéculation, de sophisme, de logique, de grammaire humaine dans l'esprit de la Pythonisse quand le Dieu est venu et qu'il brûle en elle sur le trépied oraculaire.
C'est un cri, c'est un sanglot, c'est un râle, c'est toute une poussée de clameurs farouches dont le désordre même atteste la puissance et qui révèlent, par la profondeur de l'abîme d'où elles jaillissent, la formidable présence de l'Esprit surnaturel qui les inspire.
L'âme enthousiaste est une âme affranchie qui peut se permettre de parler seule et sur laquelle les préjugés, les objections et les objurgations de la pensée demeurent sans aucune force aussi longtemps que dure la vibration surnaturelle. C'est un état d'ivresse, mais d'ivresse divine, qui n'altère ni ne déshonore la raison, mais qui l'emporte comme un aigle emporte un enfant de roi dans la tempête, dans le tonnerre, dans ces espaces illimités qui prolongent jusqu'à notre planète le regard de Dieu.
Qu'est-ce donc après tout que la littérature ? la littérature seule, sans enthousiasme ? C'est la plus vile des courtisaneries et la plus déshonorée des inventions qui abrutissent. C'est l'acrobatie de la pensée sans l'excuse du gagne-pain, car on y crève de misère à tous les niveaux, si l'on n'y ajoute pas le très lucratif négoce du maquignonnage politique ou du scandale irréligieux et pornographique, et l'on sait que la littérature moderne fait à peine autre chose. Athée, fille d'athées, mère d'athées, trois fois sacrilège, soixante-dix-sept fois marquise de la luxure et de l'impiété, cette littérature est devenue quelque chose comme le vomissement des siècles sur le fumier définitif de la pensée et du langage.

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Préface de la 1ère édition (extrait), Les Diaboliques, Barbey d'Aurevilly

11/5/2018

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Ces histoires sont malheureusement vraies. Rien n’en a été inventé. On n’en a pas nommé les personnages : voilà tout ! On les a masqués et on a démarqué leur linge. « L’alphabet m’appartient », disait Casanova, quand on lui reprochait de ne pas porter son nom. L’alphabet des romanciers, c’est la vie de tous ceux qui eurent des passions et des aventures, et il ne s’agit pas de combiner, avec la discrétion d’un art profond, les lettres de cet alphabet-là. D’ailleurs, malgré le vif de ces histoires à précautions nécessaires, il y aura certainement des têtes vives, montées par ce titre de Diaboliques, qui ne les trouveront pas aussi diaboliques qu’elles ont l’air de s’en vanter. Elles s’attendront à des inventions, à des complications, à des recherches, à des raffinements, à tout le tremblement du mélodrame moderne, qui se fourre partout, même dans le roman. Elles se tromperont, ces âmes charmantes!... Les Diaboliques ne sont pas des diableries; ce sont des Diaboliques, –des histoires réelles de ce temps de progrès et d’une civilisation si délicieuse et si divine, que, quand on s’avise de les écrire, il semble toujours que ce soit le Diable qui ait dicté !...

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Van Gogh,Le suicidé de la société, Antonin Artaud

11/4/2018

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La peinture linéaire pure me rendait fou depuis longtemps lorsque j'ai rencontré Van Gogh qui peignait, non pas des lignes ou des formes, mais des choses de la nature inerte comme en pleines convulsions.
Et inertes.
Comme sous le terrible coup de boutoir de cette force d'inertie dont tout le monde parle à mots couverts, et qui n'est jamais devenue si obscure que depuis que toute la terre et la vie présente se sont mêlées de l'élucider.
Or, c'est de son coup de massue, vraiment de son coup de massue que Van Gogh ne cesse de frapper toutes les formes de la nature et les objets.
Gardés par le clou de Van Gogh,
les paysages montrent leur chair hostile,
la hargne de leurs replis éventrés,
que l'on ne sait quelle force étrange est, d'autre part, en train de métamorphoser.
Une exposition de tableaux de Van Gogh est toujours une date dans l'histoire,
non dans l'histoire des choses peintes,
mais dans l'histoire historique tout court.
Car il n'y a pas de famine, d'épidémie, d'explosion de volcan, de tremblement de terre, de guerre, qui rebrousse les monades de l'air, qui torde le cou à la figure torve de fama fatum, le destin névrotique des choses,
comme une peinture de Van Gogh, - sortie au jour,
remise à même la vue,
l'ouïe, le tact,
l'arôme,
sur les murs d'une exposition, -
enfin lancée à neuf dans l'actualité courante, réintroduite dans la circulation.
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L'Art des bruits, manifeste futuriste, Luigi Russolo.

11/3/2018

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Nous ne pouvons guère considérer l'énorme mobilisation de forces que représente un orchestre moderne sans constater ses piteux résultats acoustiques. Y a-t-il quelque chose de plus ridicule au monde que vingt hommes qui s'acharnent à redoubler le miaulement plaintif d'un violon ? Ces franches déclarations feront bondir tous les maniaques de musique, ce qui réveillera un peu l'atmosphère somnolente des salles de concerts. Entons-y ensemble, voulez-vous ? Entrons dans l'un de ces hôpitaux de sons anémiés. Tenez : la première mesure vous coule dans l'oreille l'ennui du déjà entendu et vous donne un avant-goût de l'ennui qui coulera de la mesure suivante. Nous sirotons ainsi, de mesure en mesure, deux ou trois qualités d'ennui en attendant toujours la sensation extraordinaire qui ne viendra jamais. Nous voyons en attendant s'opérer autour de nous un mélange écœurant formé par la monotonie des sensations et par la pâmoison stupide et religieuse des auditeurs, ivres de savourer pour la millième fois, avec la patience d'un bouddhiste, une extase élégante et à la mode. Pouah ! Sortons vie, car je ne puis réprimer trop longtemps mon désir fou de créer enfin une véritable réalité musicale en distribuant à droite et à gauche de belles gifles sonores, enjambant et culbutant violons et pianos, contrebasses et orgues gémissantes ! Sortons !
D'aucuns objecteront que le bruit est nécessairement déplaisant à l'oreille. Objections futiles que je crois oiseux de réfuter en dénombrant tous les bruits délicats qui donnent d'agréables sensations. Pour vous convaincre de la variété surprenante des bruits, je vous citerai le tonnerre, le vent, les cascades, les fleuves, les ruisseaux, les feuilles, le trot d'un cheval qui s'éloigne, les sursauts d'un chariot sur le pavé, la respiration solennelle et blanche d'une ville nocturne, tous les bruits que font les félins et les animaux domestiques et tous ceux que la bouche de l'homme peut faire sans parler ni chanter.
Traversons ensemble un grande capitale moderne, les oreilles plus attentives que les yeux, et nous varierons les plaisirs de notre sensibilité en distinguant les glouglous d'eau et de gaz dans les tuyaux métalliques, les borborygmes et les râles de moteurs qui respirent avec une animalité indiscutable, la palpitation des soupapes, le va-et-vient des pistons, les cris stridents des scies mécaniques, les bonds sonores des tramways sur les rails, le claquement des fouets, le clapotement des drapeaux. Nous nous amuserons à orchestrer idéalement les portes à coulisses des magasins, le brouhaha des foules, les tintamarres différents des gares, des forges, des filatures, des imprimeries, des usines électriques et des chemins de fer souterrains.
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La Force des renoncements, Roger Gilbert-Lecomte

11/1/2018

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C’est entendu. Table rase : tout est vrai, — il n’y a plus rien. Le grand vertige de la Révolte a fait chanceler, tomber la fantasmagorie des apparences. Illusion déchiquetée, le monde sensible se déforme, se reforme, parait et disparaît au gré du révolté. À la place de ce qui fut lui-même, sa conscience, l’autonomie de sa personne humaine un gouffre noir tournoie. Ses yeux révulsés voient entre ses tempes tendues s’étendre une immense steppe vide barrée, à l’horizon, par la banquise de ses vieux sens blanchis.
Celui qui a renoncé à tout ce qui est hors de lui comme à tout ce qui est en lui, — qui, partant, ne sait plus distinguer le monde-hors-de-nous du monde intérieur, n’en restera pas là. Il y a dans la Révolte, telle que nous la concevons, un besoin de tout l’être, profond, tout-puissant, pour ainsi dire organique (nous la verrons devenir une force de la nature) une puissance de succion qui cherchera toujours, poulpe de famine, quelque chose à avaler.
Quelles sont la nature et la forme de cette marche de l’esprit vers sa libération  ? La révolte de l’individu contre lui-même, par le moyen de toute une hygiène d’extase particulière (habitude des poisons, auto-hypnotisme, paralysie des centres nerveux, troubles vasculaires, syphilis, dédifférentiation des sens et toutes les manœuvres qu’un esprit superficiel mettrait sur le compte d’un simple goût de destruction) lui a donné la première leçon. Il s’est aperçu que l’apparente cohérence du monde extérieur, — celle-là même qui devrait, paraît-il, le différencier du monde des rêves, — s’effondre au moindre choc.
Cette cohérence n’est vérifiable que par les sens  ; or elle varie avec l’état de ces sens, elle est uniquement fonction de lui-même et tout se passe comme s’il la projetait du fond de sa conscience au dehors. À peine masque-t-elle habituellement l’effroyable chaos dont les ténèbres ne s’illuminent que de miracles. Par «  miracles  » nous entendons ces instants où notre âme pressent la réalité dernière et sa communion finale en elle. Plus de séparations entre l’intérieur et l’extérieur : rien qu’illusions, apparences, jeux de glace, reflets réciproques. Premier pas vers l’unité, mais pour retrouver en lui le même chaos qui nous entoure.
Que peut être une progression spirituelle dans ce magma sans espace et sans durée  ? Comment imaginer différent de l’immobilité l’élan de l’âme révoltée, ce mouvement dépourvu de sens, de vitesse et de direction que l’on voudrait figurer là-dedans  ? Tout ce qu’on peut en comprendre c’est qu’il revient constamment sur ses pas. Autrement dit, tout est toujours à recommencer.
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Manual para ser niño, Gabriel García Márquez

11/1/2018

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Aspiro a que estas reflexiones sean un manual para que los niños se atrevan a defenderse de los adultos en el aprendizaje de las artes y las letras. No tienen una base científica sino emocional o sentimental, si se quiere, y se fundan en una premisa improbable: si a un niño se le pone frente a una serie de juguetes diversos, terminará por quedarse con uno que le guste más. Creo que esa preferencia no es casual, sino que revela en el niño una vocación y una aptitud que tal vez pasarían inadvertidas para sus padres despistados y sus fatigados maestros.
Creo que ambas le vienen de nacimiento, y sería importante identificarlas a tiempo y tomarlas en cuenta para ayudarlo a elegir su profesión. Más aun: creo que algunos niños a una cierta edad, y en ciertas condiciones, tienen facultades congénitas que les permiten ver más alla de la realidad admitida por los adultos. Podrían ser residuos de algún poder adivinatorio que el género humano agotó en etapas anteriores, o manifestaciones extraordinarias de la intuición casi clarividente de los artistas durante la soledad del crecimiento, y que desaparecen, como la glándula del timo, cuando ya no son necesarias.
Creo que se nace escritor, pintor o músico. Se nace con la vocación y en muchos casos con las condiciones físicas para la danza y el teatro, y con un talento propicio para el periodismo escrito, entendido como un género literario, y para el cine, entendido como una síntesis de la ficción y la plástica. En ese sentido soy un platónico: aprender es recordar. Esto quiere decir que cuando un niño llega a la escuela primaria puede ir ya predispuesto por la naturaleza para alguno de esos oficios, aunque todavía no lo sepa. Y tal vez no lo sepa nunca, pero su destino puede ser mejor si alguien lo ayuda a descubrirlo. No para forzarlo en ningún sentido, sino para crearle condiciones favorables y alentarlo a gozar sin temores de su juguete preferido. Creo, con una seriedad absoluta, que hacer siempre lo que a uno le gusta, y sólo eso, es la formula magistral para una vida larga y feliz.

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Sur la littérature et les arts contemporains, Louis-Ferdinand Céline.

10/31/2018

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Puisque nous sommes aussi sur les lettres, il faut admettre que l'époque n'est pas riche...Je vois dans la presse populaire ou ailleurs...Je vois des quantités de jeunes gens qui se mettent des barbes, n'est-ce pas, qui jouent les chauves...Maintenant, il faut que...Vous avez vu que..Y z'envoient des messages...On se dit, mais au nom de quoi ?...Y n'ont rien foutu du tout...Ils ne savent rien faire...Ce qu'ils tripotent est extrêmement débile, n'est-ce pas?...Ça sent la terrasse des Deux-Magots...Et alors, ce que je trouve surtout, c'est ce que je dis...J'ai de l'instinct, évidemment...Je me dis, tiens, je connais ça...Oui, alors, j'ai un p'tit truc...Y z'envoient des messages qui sont pas d'eux du tout...Y n'sentent pas du tout...Y copient...Ils n'ont pas de caractère, ils copient...C'est ça qu'est affreux !...Et alors, ils reçoivent des influences, mais l'époque est morte...Elle est morte...Vous savez, ça, je le redis, je l'ai dit l'autre jour et je le répète, parce que ça remplit la bobine...Voltaire remarquait ça...Voltaire faisait une remarque très judicieuse et, à mon sens, importante, très importante dans c'te petit domaine...Il disait, dans une certaine nation, à une certaine époque, il naît trois, quatre, cinq illuminations de caractère...Par exemple, il comptait Eschyle, Sophocle, Euripide, qui traitent les mêmes tragédies à peu de choses près, n'est-ce pas...Puis, plus rien...Ben, regardez le siècle d'Elisabeth, Marlowe, Shakespeare, Ben Jonson, et pis après, pft ! fini...On tombe dans le casse-graine...N'est-ce pas, ça dégringole...C'est-à-dire qu'il n'y en a pas beaucoup, n'est-ce pas, de...Regardez les Impressionnistes, pis après, on a mangé de la sucée d'impressionnistes, pis maintenant on finit dans l'abstrait, dans rien du tout, n'est-ce pas...Ça pompe, n'est-ce pas...Évidemment, un bonhomme ne peut pas tout le temps faire des preuves de passion, n'est-ce pas...Au bout d'un moment, la passion est morte, y retombe et il a envie de dormir et d'aller se reposer, n'est-ce pas...Alors, c'est un peu ce qui se passe...Une espèce de bouffée de création, qui vient d'un seul coup, comme ça, et pis, y en a pu...Après, on a beau agiter le morceau, n'est-ce pas, pour arriver à...à dire le mot...une éjaculation, ben on la produit pas...Voilà...L'bonhomme infiniment se...se travaille énormément, pis y n'fait rien, parce qu'il n'a plus la puissance...
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Les tronçonnés, La Vie des basiles, René Daumal

10/24/2018

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Il y a dans les légendes tibétaines un monstre singulièrement épouvantable. La bouche s'emplit d'un bloc de sel quand on lit cela. Cette créature, larve ou démon, a dans l'ensemble figure humaine. De loin, vous croiriez un voyageur égaré ou un somnambule. Mais cela s'approche, et vous voyez que sa tête, les membres et le tronc sont sectionnés. Les morceaux sont restés à peu près en place, et flottent dans l'air, mal réunis par des filaments très vagues. Le pire, l'impardonnable, c'est que cette horreur veut vivre et qu'elle souffre; ces morceaux humains viennent vers vous, vous demandent à boire, à manger. Mais on n'a qu'une peur et un dégoût sans fond. On sent comme le danger d'une contagion. On sent au fond de soi qu'on pourrait devenir une de ces larves. Et, par peur, on la hait.
Contes de bonnes femmes ! Nous autres, esprits cultivés, dégagés des ténèbres de la superstition, nous savons très bien que l'homme, cette merveille de la création, est un tout harmonieux et homogène; que nous sommes de petites républiques ambulantes et admirablement organisées; que chacun de nous est un individu unique en son genre; enfin que nous pouvons dormir tranquilles, et repousser loin de nous ces fantaisies morbides de peuples ignorants.
Eh bien non ! De ces monstres en morceaux, regardez, la rue est pleine. Regardez-les, et surtout regardons-nous. Tous, plus ou moins, nous ressemblons à ces tronçonnés.
Chez celui-ci, le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas, la tête a faim quand le ventre est repu, l'intellect s'use en cercles vicieux pendant que le corps décapité vaque aux besoins journaliers. Et chacun, à sa façon dont il est fier, est ainsi découpé en morceaux à peine reliés par les vagues filaments d'une fonction sociale ou d'un obscur désir animal de vivre.
Heureux peuple, tout Tibétain qu'il soit, si pour lui ces monstres sont des créatures d'exception et de fable ! Chez nous, c'est bien au contraire un homme cohérent, d'un bloc qui étonnerait, détonerait et détonnerait. Regardez bien, et vous ne verrez que des foules de fantômes dépecés, et qui souffrent, et qui sont nos frères.

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J.M.Basquiat
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Préface à l'oeuvre romanesque d'Octave Mirbeau (extrait), Roland Dorgelès

7/8/2018

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Je ne suis pas misanthrope. Non. Point du tout. Quand je rabroue les hommes, c'est avec le naïf espoir de leur rendre service - "Tiens-toi bien, dégoûtant !..." comme un grand frère vigilant recommande aux gamins de ne pas se salir, et je me crois, au fond, plutôt sociable.
D'autres sont impatients de visiter des monuments; je suis, moi, surtout curieux de connaître mes semblables, et je dédaignerai volontiers un beau site pour continuer une conversation.
-Que venez-vous voir ? me demanda un casque blanc le jour où je débarquai à Haïphong.
-Des hommes ! lui répondis-je étourdiment.
Naturellement, il me regarda de travers. Pour être estimé j'aurais dû répondre "des pagodes."
Je n'ai d'ailleurs pas besoin, pour que cette curiosité s'exerce, d'atteindre les Tropiques. Ici même, il suffit de regarder autour de soi. Nous coudoyons à tout instant des êtres assujettis au traintrain quotidien qui n'attendent qu'une circonstance pour révéler ce qu'ils sont et, dès que les événements bouillonnent, on voit surgir des héros et des monstres qui portaient, la veille, le masque de chacun.
J'ai cru, moi aussi, en mes années folles, que la civilisation n'aboutissait qu'à rendre l'individu plus méchant et j'ai même naïvement pleuré l'homme de la nature cher à Rousseau : c'est bien la sottise dont je rougis le plus.
Tout bien réfléchi, nous ne déshonorons pas tellement la machine ronde, et les fils d'Adam y ont accompli, depuis la Genèse, moins de mal que de bien. Aussi, malgré mes rebuffades, je les accepte comme ils poussent, un peu égoïstes et pas toujours très francs. J'en plains un grand nombre et en admire quelques-uns.
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Monsieur Morphée, Empoisonneur public, Roger Gilbert-Lecomte

6/19/2018

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Mais en face de ces hommes dits sains pour qui le repos de chaque nuit, même réduit à son strict minimum, est encore une charge trop lourde dont ils ne souhaiteraient rien de plus que se libérer enfin pour plus agir, il y a les autres, les amants des longs sommeils sans rêves, ceux qu'un mal inconnu harasse et pour qui le bonheur est "la Mort-dans-la-Vie". Et surtout il y a, lourds et sans mercis, dans le champ clos du corps obscur, les combats entre les immortels ennemis, vouloir-vivre et non-agir, voluptés de puissances et celles plus perfides du vouloir qui se meurt en funèbres couchants, en déclins de vertige.
Parmi les hommes triplement marqués de mon signe, vous découvrirez les résultats de cette antinomie à tous les degrés de l'échelle des valeurs, depuis une majorité d'avachis héréditaire chez qui le goût des drogues n'est qu'une réaction animale contre le non-sens que constitue leur vie tarée, jusqu'à quelques grands forçats, maudits des tempêtes et des orages et qui sont toujours les terribles voix de l'esprit succombant au déshonneur d'être hommes.
Il y a, en effet, pour un certain nombre d'êtres à la sensibilité suraiguë, une conscience tour à tour intensément exaltante et douloureuse d'états opposés. Et les signes de ces crises s'exagèrent chez quelques prédestinés, monstrueux du seul fait qu'ils portent au fond d'eux-mêmes comme leur propre condamnation, un élément surhumain qui dépasse et contredit leur époque, fulgurations de l'esprit ou énergie physique gigantesque. De tels éléments suffisent à désaxer magnifiquement une vie humaine. D'abord par leur caractère anti-social : ils provoquent des actions irréductibles au jugement universel du commun des hommes qui se vengent en traçant autour du cercle magique qui l'esseule, l'incompréhension haineuse et les contraintes nivellatrices qui le forcent à l'amertume de la solitude que l'on appelle aussi folie. Ensuite et d'autre part, par leur caractère anti-physiologique sur le plan individuel : la pure violence qui est leur nature a raison, en quelques années, des plus robustes machineries humaines.

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La Maladie native du langage, Michel Haar

5/25/2018

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Le texte aphoristique exige, c'est-à-dire entend former, un nouveau type de lecteur, non plus réceptif ou réactif, non plus spectateur, mais acteur et inventeur, assez curieux et hardi pour aller chercher dans l'arrière-fond caché et dans les intervalles du texte les énigmes et les systèmes possibles. Alors que le texte métaphysique traditionnel oblige le lecteur à se plier à un point de vue unique et dominant, un texte fait d'aphorismes ne contient pas de direction et d'ordre contraignants. Il est vrai qu'à cet égard le texte fragmentaire s'éloigne davantage encore de la visée métaphysique traditionnelle, la donation d'horizon. Les fragments libèrent de l'obsession d'une rectitude absolue du regard, excluent toute possibilité de réarranger de façon univoque le morcellement et le foisonnement du sens, délivrent de la hantise du fondement dernier. Mais ce n'est pas comme semble le penser Blanchot dans L'Entretien infini, la seule discontinuité, ou la segmentation sans règle du texte qui libère ainsi comme par magie à la fois l'écriture et la lecture.
Si l'écriture non linéaire donne de l'inspiration, fait penser, ce n'est pas seulement en effet parce qu'elle rend au lecteur le libre choix du point de vue, c'est parce qu'elle communique des "états", des tonalités affectives, des Stimmungen. "Communiquer par des signes - y compris le tempo de ces signes - un état, ou la tension interne d'une passion, tel est le sens de tout style. Mais de quel état s'agit-il plus précisément ? De l'état "esthétique", de l'état musical, "dionysiaque" du corps ( état qui est la "source des langues" (...) ). Une des métaphores qui désignent le plus fréquemment cet état créatif est la danse, ou l'état du danseur, l'"élasticité". "But : donner à un lecteur une Stimmung si élastique qu'il se dresse sur la pointe des pieds." Le texte vise l'élévation du corps - tout autre que l'édification au sens moral ! - vers l'état esthétique : il ne vise pas à communiquer un contenu, mais cette matrice d'idées qu'est un état corporel. L'écriture est communication du corps matriciel. "Le meilleur style, dit Nietzsche, consiste à créer la Stimmung productrice de langage. Quant au meilleur lecteur, il sera celui qui aura appris à percevoir et à ressentir tous les éléments de l'écriture (rythmes, ponctuation, choix des mots, longueur des phrases, etc) comme des gestes.
Alors il n'est pas paradoxal que l'écriture la plus intense et la plus affirmative ne procède plus par affirmations au sens grégaire du terme, c'est-à-dire par énoncés et propositions catégoriques (auxquels tout un chacun doit obéir), mais par suggestions, par insinuations. La plus grande force du langage implique réserve et pudeur.
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Isis, Villiers de L'Isle-Adam (5)

4/6/2018

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...Il n'est de réellement libres et réellement seuls que ceux auxquels il a été donné de franchir, de sommets en sommets, la hiérarchie des idées, parce que ceux-là n'offrent guère de prise aux souhaits violents et s'inquiètent peu des maux ou des joies que leur présente la terre. Ils ne se préoccupent pas outre mesure de vivre ou de mourir : tout se définit tranquillement à leurs yeux; ils font le bien, selon la plus simple acception du terme, autant qu'il leur a été donné de pouvoir le faire, et ne savent ni haïr ni condamner. Les yeux fixés sur l'idéal, il leur est permis de juger, parce qu'ils aiment et qu'ils pardonnent. Ceux-là puisent, dans l'infini de cette expansion intérieure, le principe de l'immortalité. S'ils daignent prendre part à l'agitation universelle, soldats ou penseurs, aux premiers, le trône d'or de la loi, principe des forces brutales de la terre; aux seconds, le sceptre de diamant de la parole, principe des forces motrices du monde. Mais, aussi, quelles profondes blessures cachent les rayons de leur gloire ! Sisyphe se conçoit-il sans le rocher ?..Socrate, sans la ciguë?...Prométhée, sans le vautour ?...L'égoïste dégoût et la permanente indifférence des autres hommes absorbés par le détail n'est au fond qu'une sourde envie dirigée contre eux : en creusant les mobiles de ce sentiment, on finit par le comprendre et lui faire miséricorde : en est-il moins triste ? et ses conséquences pour l'homme héroïque en sont-elles moins funestes ?...Heureux donc, bienheureux ceux qui peuvent, tout en planant, cacher leur grandeur ! On ne les crucifie pas.
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L'Allure mentale, Bernard Noël (2)

3/22/2018

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L'idéalisme de Villiers et de Mallarmé est l'eau d'un miroir dans la fluidité de laquelle se dérobe une méthode opératoire qui, elle, n'a rien d'idéaliste. Il y a des miroitements qui sont la politesse du gouffre, à l'instant perpétuel où l'on découvre que la fin du monde est sans fin - du moins à l'échelle de notre expérience mentale...
Plus tard vient le plaisir ludique de la pensée, qui compose en jouant - en se jouant, et qui peut aussi bien inventer des fables que des dieux, et qui même peut nous faire oublier que l'origine de toutes ces compositions n'est qu'en elle.  Penser la fin sans fin produit une sorte de précipitation sur place, et cette allure mentale, comme elle ne va nulle part, pourrait aussi bien s'énoncer en termes de lenteur, de ralenti, de suspens, car la seule chose qui se précipite et qui passe, c'est le monde dont la pensée fracasse les images à l'intérieur de son propre espace. Ce fracas est aussi la permutation, l'incessante métamorphose des formes dans le mouvement de laquelle la pensée toujours se repense.
Dans un monde qui n'est plus ni divin ni finaliste, l'allure mentale est le souffle du mouvement.
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Lettre de Mallarmé à Villiers de L'Isle-Adam, 24 septembre 1867

3/22/2018

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...Ma pensée a été jusqu'à se penser elle-même et n'a plus la force d'évoquer en un Néant unique le vide disséminé en sa porosité. J'avais, à la faveur d'une grande sensibilité, compris la corrélation intime de la Poésie avec l'Univers et, pour qu'elle fût pure, conçu le dessein de la sortir du Rêve et du Hasard et de la juxtaposer à la conception de l'Univers. Malheureusement, âme organisée simplement pour sa jouissance poétique, je n'ai pu, dans la tâche préalable de cette conception, comme vous, disposer d'un Esprit - et vous serez terrifié d'apprendre que je suis arrivé à l'idée de l'Univers par la seule sensation, (et que, par exemple, pour garder une notion ineffaçable du Néant pur, j'ai dû imposer à mon cerveau la sensation du vide absolu). Le miroir qui m'a réfléchi l'Être a été le plus souvent l'Horreur et vous devinez si j'expie cruellement ce diamant des nuits innommées...
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L'Allure mentale, Bernard Noël

3/21/2018

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Sait-on ce que c'est qu'écrire ? Beaucoup répondraient aujourd'hui par le nom de Mallarmé. Pour Mallarmé, la réponse tenait dans le nom de Villiers; il le dit dans ces lignes :
...mais je sais bien, avec mon sens de témoin d'un destin extraordinaire, que personne jamais ne présenta, approché, ou ici raconté, le caractère de l'authentique écrivain, à part, ne sachant que soi, ou bien l'ignorant afin d'en tirer pour sa propre stupeur superbement le secret, comme ce camarade.
Les noms de Mallarmé et de Villiers de L'Isle-Adam font s'évaser entre eux une formidable ouverture : toutes les dimensions de la langue française y vibrent dans leur capacité de renouvellement et de mentalité.
Là, tout commence et tout se cristallise.
Là, se tient l'explosante-fixe autour de laquelle gravite la réserve d'avenir que chaque écrivain doit savoir tirer du passé de sa langue.
Pourquoi certains assemblages de mots produisent-ils une telle échappée ? Parce que ces assemblages, en ne disant rien de précis, prouvent qu'il n'existe rien qui ne puisse être dit - ou plutôt que la possibilité de dire est toujours très supérieure au dit. Ces assemblages font jaillir de l'espace même de la langue des vibrations de sens plus sensées que le contenu propre à chaque mot et à son lien ordinaire avec les autres. Ce plus jaillit à l'endroit où la langue courante s'absente d'elle-même et entre, dirait-on, dans son vide, dans son rien : il est comme un écho roulant à travers ce rien et nous disant ce que la langue ne savait directement dire. Cet écho chimérique est ainsi, dans la langue, le néant de la langue : l'indicible. Mais l'indicible, bien sûr, ne peut se développer qu'à l'intérieur du dit : il est nécessairement du dit, un dit si bien retourné qu'on ne pourra jamais le ramener explicativement à du dicible : il vibre trop. Au rebours de la parole commerciale, que littéralement il anéantit, le dit de l'indicible ne produit ni information, ni définition, ni appropriation : son effet est un pur effet de sens (...)
Le pur effet de sens est l'aboli bibelot d'inanité sonore; il est l'échappée par laquelle le Symbolisme débarrasse le travail poétique de toute finalité extérieure à lui-même, et donc fonde notre avenir. Clairement, le Coup de dés réalise une conception du poème, dont Les Chimères furent l'intuition géniale : le poème désormais, n'a d'autre sens que de produire du sens, non pour le rabattre vers un quelque lieu ou quelque figure, non pour représenter, ni exprimer, mais pour créer.
L'apport de Mallarmé a fait l'objet de tant d'études qu'il est public; celui de Villiers de L'Isle-Adam reste obscur. Étrangement, son œuvre qui fut, en son temps, moins dérangeante que celle de Mallarmé, l'est peut-être devenue davantage. Elle foisonne et déborde où celle de Mallarmé coupe net. Villiers est un nouveau Baroque, dont les livres, dit Mallarmé, ont "deux assises imposantes selon les modes en secret correspondant du Rêve et du Rire". Cette relation du Rêveur et du Rieur permet à Villiers d'intégrer discrètement sa propre dérision. (...)Le Baroque de Villiers est au sens originel du mot, qui désignait la perle irrégulière. Ce Baroque fait, si je puis dire, des plis sur l’œuvre, et en dessous, ce n'est pas comme sous le plissé classique, un corps glorieux que l'on devine, mais le néant tel que la pensée l'affronte, puis l'enveloppe de mots pour se moquer de lui qui se moque d'elle. Cette dialectique doucement effrayante à leur façon, car voilée, Villiers et Mallarmé l'ont pratiquée à leur façon, complémentairement.
Deux hommes ont amicalement vécu la complémentarité du rare qui voudrait rassembler et du foisonnant qui voudrait englober; l'un fut le Rêveur du Livre, et il travailla le vers "qui de plusieurs vocables fait un mot total"; l'autre fut le Rieur, qui éprouva toute sa vie la torture de l'espérance. Mais le Rieur rêvait de la parole essentielle tout comme le Rêveur riait d'en être le perpétuel chercheur.
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L'amour de la poésie...Papiers collés III, Georges Perros

3/15/2018

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L'amour de la poésie n'est pas bien vu.
Ou trop bien vu. (C'est pire.)
Il faudrait pouvoir s'en passer.
Au nom de qui, de quoi ?
Elle isole sa victime, l'asocialise, la rend folle.
Tragiquement délaissée dans un monde bourré, saturé, de figurants passionnés, qu'ils disent, par autre chose.
Quoi ? La politique ? L'érotisme ? Dieu ?
Tout à la fois sans doute.
Qui veut penser droit bloque le compteur.
Poésie, c'est exil.
On n'aime pas les exilés.
Joyce, Musil, Artaud.
On peut l'être en plein Paris. Il n'y a pas de géographie de l'exil. C'est être nulle part. N'importe où. Sur terre.
Avant d'en faire partie. Intégrante.
Dessous.
Dedans.
Poésie, c'est impossibilité d'être quoi que ce soit dans un monde qui ne cesse de nous demander notre identité.
Notre fiche de futur dégringolé.
L'intérêt est ailleurs.
Sur la terre.
Mais ailleurs.
Cherchons.
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Si la poésie...Papiers collés III, Georges Perros

3/15/2018

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Si la poésie n'était qu'inadmissible, elle le serait au même titre que tout ce qui nous arrive sans qu'il y ait volonté affichée. Inadmissible comme les chambres à gaz, comme l'horreur d'exister dans l'impuissance quasi totale que nous connaissons si bien, hors nos besoins, restes amoureux, dont nous faisons piteuse pâture, en nous gardant bien d'en dévoiler l'origine, qui est d'émotion. Or, vivre est émouvant, et la poésie n'est pas autre chose que le relevé sec, tranchant, impitoyable, de cette émotion sans équivalent immédiat. Il y a phénomène poétique dès qu'il y a suspicion d'impossibilité de régler la question sur-le-champ. Quelle question ? D'où il n'est pas étonnant que ce soit par la nuit que le jour s'enlève, se déchire la mauvaise peau. Le corps flamboie dans le noir.
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Aimer ou ne pas aimer, voilà la question, Papiers collés III, Georges Perros

3/15/2018

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 André Breton était une place forte. Un monument, rien moins qu'historique. Un lion que nous aurons un peu connu devenu vieux, nous autres, à peine nés aux heures flamboyantes du surréalisme. L'homme était de taille très suffisante pour assumer la fascination posthume qu'il exerçait. Ni simple ni soucieux de paraître ce que chacun voulait qu'il soit. Mais inaltérable, granitique, intact, victorieux. Aussi peu "sentimental" que possible, mais tout pénétré d'un sérieux catégorique; d'une incroyable courtoisie, à deux doigts de la flatterie la plus révolutionnaire; d'une solitude non pas hautaine, mais semblable à celle du rocher dans la tempête. D'où sa franchise, parfois terrible. Définitive. Sans pitié. Massive, comme lui qui pesait lourd sur cette terre qu'il avait élue lieu magique par excellence, contre le ciel et sa douteuse figuration. Cet homme de guerre qui n'aurait pas tué une mouche s'avérait d'une formidable intransigeance dès qu'il s'agissait de ce qui l'avait très vite concerné. Prononcer le mot "poésie" serait ici superflu. Il s'agissait de tout autre chose. De réinventer la vie quotidienne, à partir de ce qu'elle dégage d'insolite par elle-même. Sans autre intermédiaire qu'elle-même, prise et surprise dans son dévoilement absolu. Ni l'horreur qu'elle secrète ne lui était étrangère, ni l'indicible qu'il se faisait un beau devoir de retenir, contre la mort. Son flagrant délit de passion aidant, il n'aura pas laissé grand-chose à l'éternité cadavérique qui nous attend tous. Il aura fait le "plein", adoré ces moments contrariés, ces jeux entre la veille et le sommeil, la femme en signifiant l'ordre magique, cette navette permanente qui nous meut de jour et de nuit. Il aura été le fléau imperturbable de cette balance, ne se perdant jamais dans ce qui rendit fous, jusqu'au suicide, quelques-uns de ses plus admirables complices. Solide comme un bûcheron, et tout occupé à abattre les faux arbres qui cachent la forêt de Brocéliande. Breton en même temps que nous par ici, c'était une certitude. Elle nous manquera. L'intégralité, la fidélité, la raideur même de sa présence, nous étaient source vive. Il était à coup sûr le chef, le grand Indien de quelque chose d'essentiel qui nous travaille.
Il y avait en lui un paysan suprêmement cultivé. Rien du "gentleman-farmer" à la Gide. Mais une autorité noueuse, une force souveraine, totalement pour, ou contre, sans souci de quelque ombre de contestation chinoise à sa quête. N'admettant, non sans grogner, qu'une certaine fatigue, une difficulté à respirer, celle-là même qui devait l'emporter, semble-t-il. Avec, dans les intonations d'une voix magnifiquement timbrée, un je ne sais quoi de parisien, de "rayeur", sans la moindre vulgarité. Tranchant dans le vif de tout langage, de toute  morale qui lui paraissaient à côté. Fort d'un merveilleux instinct de destruction, il avait foulé trop de mauvaises herbes pour s'en faire accroire par qui que ce soit. Le seul homme qu'il disait regretter : Benjamin Péret. Gageons que celui-là ne l'avait jamais trahi, mes plus chers amis s'y entendant. Il n'était plus question de travailler, d'écrire ("C'est trop douloureux"). En avait-il jamais été question ? Et son oeuvre n'est-elle pas - hors les indispensables Manifestes- comme un fervent éloge de la meilleure paresse, comme un admirable mariage entre tout et le rien, l'impensable capté dans son vol le plus haut, le plus libéré, le plus inutile ?
André Breton donnait une extraordinaire impression de respect. Respect de tout ce qui se vit. Haine rien moins qu'aveugle de tout ce qui tend à dégrader les libertés de cette vie, qu'il jugeait bon - voire consolant- de prétendre la seule; que nous continuerons de juger à sa manière, dût notre voyage s'en trouver quelque peu assombri, perturbé, dans un monde où licence nous est donnée de douter s'il n'est pas plutôt fait pour les fauves que pour les hommes.
Aimer ou ne pas aimer, voilà la question. Oui. La vie d'André Breton a merveilleusement répondu.
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Mécanique des étreintes, Alexei Grinbaum

3/7/2018

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Les hommes adorent agencer des lettres même quand ils savent que, dans la plupart des cas, la signification de cette combinaison symbolique leur restera obscure. Tel enfant maniant son jouet des siècles durant, ils retrouvent l'attirance pour l'association de pièces élémentaires de l'alphabet, un reflet de la jeunesse de l'intelligence humaine, perpétuation d'une donnée anthropologique sur laquelle le temps n'a pas d'emprise. Cela concerne tout particulièrement la sous-espèce du sapiens qu'est l'homme scientifique, et, plus concrètement encore, sa sous-sous- espèce quantique. Car le chercheur en information quantique, comme un jardinier juvénile qui cultive des pousses de poiriers, s'adonne au jeu de l'abréviation. Sa récolte abondante, l'information quantique suinte d'acronymes.
Lisant tel auteur spiritualisant, on peut entendre cette annonce provocatrice : l'acronyme CHSH, utilisé en information quantique, serait apparenté à la Kabbale, donc le rapprochement paraît convenable si on lui donne un sens purement métaphorique; ensuite, parce qu'on a souvent tendance à penser que tous les acronymes se valent dans leur aspect anthropologique général, celui de relation entre un homme et un alphabet. On a spontanément la tendance à croire que les combinaisons identiques de lettres, même quand elles appartiennent à des domaines différents de la vie, suivent un motif commun. Celle de "ChSh" apparaît, outre l'information quantique, dans Sefer Yetsirot, l'un des grands livres de la mystique juive, et même directement dans le texte hébreu de la Bible, où elle signifie "abriter" ou "offrir un asile". Selon la branche de la Kabbale dédiée aux rapports entre les lettres et les nombres, la valeur numérique de "ChSh" égale 308.
Un homme ayant un faible pour le mysticisme serait immédiatement tenté par ces "arguments". Il aimerait croire que ce nombre issu de la numérologie kabbaliste contienne une vérité profonde qui concerne la borne quantique de l'inégalité de Bel. Mais il aurait tort : les "308" de "ChSh" n'ont rien à voir avec la mécanique quantique. Certes, la science a ses énigmes aussi, mais il serait trop simple de croire que les symboles identiques créés par les intelligences scientifique et mystique soient une seule et même chose. Chaque énigme exige une approche individuelle, qui permet, non pas d'étaler, mais de restreindre son halo mystique pour s'approcher davantage de la racine de son attirance.

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L'Expérience intérieure, Georges Bataille (3)

1/26/2018

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Ne plus se vouloir tout est tout mettre en cause. N'importe qui, sournoisement, voulant éviter de souffrir se confond avec le tout de l'univers, juge de chaque chose comme s'il l'était, de la même façon qu'il imagine, au fond, ne jamais mourir. Ces illusions nuageuses, nous les recevons avec la vie comme un narcotique nécessaire à la supporter. Mais qu'en est-il de nous quand, désintoxiqués, nous apprenons ce que nous sommes ? perdus entre des bavards, dans une nuit où nous ne pouvons que haïr l'apparence de lumière qui vient des bavardages. (...)
Nous ne sommes pas tout, n'avons même que deux certitudes en ce monde, celle-là et celle de mourir. Si nous avons conscience de n'être pas tout comme nous l'avons d'être mortel, ce n'est rien. Mais si nous n'avons pas de narcotique, se révèle un vide irrespirable. Je voulais être tout : que défaillant dans ce vide, mais me prenant de courage, je me dise, "J'ai honte d'avoir voulu l'être, car je le vois maintenant, c'était dormir", dès lors commence une expérience singulière. L'esprit se meut dans un monde étrange où l'angoisse et l'extase se composent.
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Introduction à une variation, Jacques et son maître, Milan Kundera

1/24/2018

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La sensibilité est  indispensable à l'homme mais elle devient redoutable dès le moment où elle se considère comme une valeur, comme un critère de la vérité, comme la justification d'un comportement. Les sentiments nationaux les plus nobles sont prêts à justifier les pires horreurs; et la poitrine gonflée de sentiments lyriques, l'homme commet des bassesses au nom sacré de l'amour.
La sensibilité qui remplace la pensée rationnelle devient le fondement même du non-entendement et de l'intolérance; elle devient, comme l'a dit Carl Gustav Jung, la "superstructure de la brutalité".


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Les Larmes d'Eros, Georges Bataille (3)

1/14/2018

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Cette énigme du puits, qui répond d'une manière si étrange, si parfaite,
à l'énigme fondamentale, étant la plus lointaine,
celle que l'humanité lointaine propose à l'humanité présente,
étant la plus obscure en elle-même,
pourrait être en même temps la plus chargée de sens.
N'est-elle pas lourde en effet du mystère initial qu'est à ses propres yeux
la venue au monde, l'apparition initiale de l'homme ?
Ne lie-t-elle pas en même temps ce mystère à l'érotisme et à la mort ?
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    Préface à L'oeuvre Romanesque D'Octave Mirbeau (extrait)
    Préface De La 1ère édition (extrait)
    Propos D'un Entrepreneur De Démolitions
    Propos D'un Entrepreneur Des Démolitions
    Publié Dans Le Figaro Le 20 Février 1909
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    Qu'est- Ce Que La Poésie ?ou Que Dire De La Poésie ? Jean- Michel Maulpoix
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    Roland Dorgelès
    Roseau Pensant Blaise Pascal
    Rousseau
    Saint John-Perse
    Savoir-vivre à L'usage Des Enfants
    Septième Lettre
    Septième Lettre
    Si La Poésie...Papiers Collés III
    Si On Savait Tout ! Exégèse Des Lieux Communs
    Soixante Et Onze Mots "Comique" (extrait) Milan Kundera
    Soixante Et Onze Mots "Ironie" Milan Kundera
    Soixante Et Onze Mots "Méditation" Milan Kundera
    Sur La Littérature Et Les Arts Contemporains
    Sur Quelques Fonctions De La Littérature (1) Umberto Eco
    Sur Quelques Fonctions De La Littérature (2) Umberto Eco
    Sur Quelques Fonctions De La Littérature (3) Umberto Eco
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    The Ethics Of Reading
    Tome 2
    Tout Nom D'auteur Est Une Fiction
    Tout Nom D'auteur Est Un Roman
    Trinquer Avec Son époque. Le Haïku.
    Une Histoire De La Lecture (1) Alberto Manguel
    Un Poète Et Le Monde Xavier Bordes
    Un Raisonnement Absurde
    Van Gogh
    Vladimir Nabokov
    Voilà La Question
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    Voyage Vers La Fiction
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